Un des thèmes du programme de spécialité HGGSP s’intitule « Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques ». Deux heures de visioconférence ont été organisées au C.C.C. avec deux chercheuses pour les terminales de cette spécialité.

Clémence Weber-Pallez a proposé un éclairage sur les tensions géopolitiques et les menaces qui pèsent sur la préservation du patrimoine antique en Grèce :
Après être revenue sur le contexte de l’indépendance grecque dans les années 1820, elle a pu expliquer la question des « biens spoliés » par les puissances européennes.
Elle a ensuite insisté sur les difficultés de la préservation des sites antiques, en particulier les menaces climatiques dans un pays méditerranéen touché par des incendies (Mycènes, 2020) ou des inondations (Argos, 1990), et le coût financier de la protection du patrimoine dans un pays encore marqué par la crise économique de 2008. L’accès au statut de patrimoine mondial de l’humanité attribué par l’Unesco peut ainsi devenir une source d’inégalité entre les différents sites.

Le site antique d’Argos, avec son théâtre et les plus grands thermes de Grèce, menacé de disparition par les vols, les effondrements et les inondations.

La question des fouilles et de la coopération entre l’Etat grec et les institutions étrangères, comme l’Ecole française d’Athènes, a également pu être abordée.

La deuxième conférence assurée par Carole Mabboux portait sur les enjeux sociaux et politiques du patrimoine à Rome.
Elle a tout d’abord montré les usages fascistes du patrimoine romain, marqués par la mise en valeur du patrimoine antique lié à l’Empire romain et celui lié à la religion catholique. La ville a alors connu des transformations radicales.

Un exemple des « éventrements » de la ville de Rome : le Percement de la Via dei Fori imperiali (vers le Colisée).

A la mort de Mussolini, les références à la période fasciste n’ont pas été effacées comme en Allemagne avec le IIIe Reich. La ville de Rome doit ainsi composer avec la persistance de nombreux monuments et références à la période mussolinienne, alimentant sans cesse le débat.
Enfin, la présence d’un patrimoine antique et médiéval exceptionnel pose des problèmes d’aménagements à Rome, à tel point que certains parlent d’une « archéologie nécrophile » ou d’une « dictature de la conservation ».

Les élèves ont également pu poser leurs questions aux deux chercheuses, à la fois sur leurs interventions, mais aussi plus généralement sur leurs recherches et leur parcours étudiant. De quoi donner des idées pour leurs études à venir.